Les élites qui ont dominé l'Europe ont des racines communes. Dans ce magistral essai sur la genèse du pouvoir politique. Karl Ferdinand Werner montre en effet que c'est Constantin le Grand qui a fait entrer à son service des hauts fonctionnaires, organisés selon le modèle de l'armée romaine, et dont la fonction était de gouverner et protéger les hommes tout en servant Dieu et l'empereur. Dès le IVe-IXe siècle s'est ainsi mise en place une société hiérarchique, société de classe avant la lettre, acceptée par tous car considérée comme l'expression de la volonté divine.
Cette "noblesse" chargée d'assurer le "service public", lui-même héritage de l'Empire romain, est à l'origine de l'Etat chrétien des IVe-XIe siècles, qui passent pour avoir été une longue période d'anarchie alors qu'il existait déjà les véritables institutions étatiques. Dans le monde franc, comme dans les autres royaumes chrétiens, ces dignitaires, dont les titres et les attributions n'étaient pas encore héréditaires, étaient formés à la cour, centre de l'administration et de la justice. Les Mérovingiens puis les Carolingiens firent de l'Eglise une seconde noblesse en donnant aux évêques de nombreuses compétences aussi bien politiques que juridiques. C'est en s'appuyant sur ces élites, à la fois ecclésiastiques et laïques, que Charlemagne et Louis de Pieux purent réaliser en grande partie la haute idée qu'ils se faisaient du gouvernement des hommes. Charlemagne créa aussi des vassaux, qui lui étaient liés par un serment personnel et qui avaient pour mission de surveiller les autres nobles. Cet Etat vassaliques survécut à la royauté carolingienne, ouvrant la voie à des transformations capitales pour la noblesse d'Occident. A partir du XIe siècle, les grands vassaux prirent la tête de principautés territoriales, désormais héréditaires. L'âge de la chevalerie et la civilisation courtoise s'annonçait.
Ce sont donc les fondements de l'Europe chrétienne que cet ouvrage met en lumière, nous invitant à revoir une vision trop étroite de notre histoire et à nous défaire des préjugés qui obscurcissent notre compréhension du passé pour prendre la mesure de tout ce que notre civilisation doit au modèle aristocratique.
Karl Ferdinand Werner, membre de l'Institut, est l'un des meilleurs connaisseurs du monde franc. Il a enseigné à l'université de Heidelberg et de Mannheim avant de diriger l'institut historique allemand de Paris (1968-1989). Son livre Les origines, premier tome de l'"Histoire de France" dirigée par Jean Favier, a eu un très grand succès.
Cette "noblesse" chargée d'assurer le "service public", lui-même héritage de l'Empire romain, est à l'origine de l'Etat chrétien des IVe-XIe siècles, qui passent pour avoir été une longue période d'anarchie alors qu'il existait déjà les véritables institutions étatiques. Dans le monde franc, comme dans les autres royaumes chrétiens, ces dignitaires, dont les titres et les attributions n'étaient pas encore héréditaires, étaient formés à la cour, centre de l'administration et de la justice. Les Mérovingiens puis les Carolingiens firent de l'Eglise une seconde noblesse en donnant aux évêques de nombreuses compétences aussi bien politiques que juridiques. C'est en s'appuyant sur ces élites, à la fois ecclésiastiques et laïques, que Charlemagne et Louis de Pieux purent réaliser en grande partie la haute idée qu'ils se faisaient du gouvernement des hommes. Charlemagne créa aussi des vassaux, qui lui étaient liés par un serment personnel et qui avaient pour mission de surveiller les autres nobles. Cet Etat vassaliques survécut à la royauté carolingienne, ouvrant la voie à des transformations capitales pour la noblesse d'Occident. A partir du XIe siècle, les grands vassaux prirent la tête de principautés territoriales, désormais héréditaires. L'âge de la chevalerie et la civilisation courtoise s'annonçait.
Ce sont donc les fondements de l'Europe chrétienne que cet ouvrage met en lumière, nous invitant à revoir une vision trop étroite de notre histoire et à nous défaire des préjugés qui obscurcissent notre compréhension du passé pour prendre la mesure de tout ce que notre civilisation doit au modèle aristocratique.
Karl Ferdinand Werner, membre de l'Institut, est l'un des meilleurs connaisseurs du monde franc. Il a enseigné à l'université de Heidelberg et de Mannheim avant de diriger l'institut historique allemand de Paris (1968-1989). Son livre Les origines, premier tome de l'"Histoire de France" dirigée par Jean Favier, a eu un très grand succès.