Trois œuvres des années 1914-1918 occupent le neuvième volume de cette édition.
L'Allée aux lucioles est la dernière grande tentative romanesque de Raymond Roussel, condamnée à l'inachèvement par le désarroi et les contraintes militaires de 1914-1918 (Roussel était sous les drapeaux). Loin de la réalité sinistre de la guerre, le roman met en scène un moment glorieux de la civilisation occidentale : le séjour de Voltaire chez Frédéric II à Sans-Souci. L’épisode donne à Raymond Roussel l'occasion de jouer avec les plus grands noms de la science, de l'art et de la littérature. Les œuvres sont détournées, rêvées, réinventées en une parade brillante et fastueuse où paraissent Leibniz, Pigalle, Lavoisier et qui met en scène un bien curieux fragment « inédit » de Candide.
Récit plus bref, d'une noirceur extrême qui repose tout entier sur le malheur lié à l'amour charnel, le fragment connu sous le titre de Flio renoue avec le lyrisme tragique et la sauvagerie de Locus Solus. L'intensité caractéristique des romans de Roussel se déploie autour du personnage d’une fillette affrontée à la luxure.
Une anthologie établie par Roussel lui-même en 1918 à partir de ses deux grands romans (Impressions d'Afrique et Locus Solus) et jamais rééditée à ce jour, complète ce volume. En apparence légères, les modifications apportées à la lecture – en particulier les titres donnés à divers épisodes de Locus Solus – révèlent le regard de Roussel sur son œuvre. Cette anthologie qu'il destinait au plus vaste public lui apporta de nouveaux lecteurs, peu nombreux, mais qui comptaient André Gide et Jean Cocteau.