De nombreux livres s’intéressent à la question de l’enfant-roi, pour s’alarmer du phénomène : « Il n’y a plus d’autorité, on ne peut plus leur mettre de limites, il n’y a plus d’enfants. » Une psychanalyste, spécialiste de l’enfance, vient faire entendre dans ce concert de réprobations une voix différente, plus apaisée et bienveillante. D’abord cet enfant-roi est une très ancienne figure. La psychanalyse a montré que tout le développement humain et l’œuvre de la civilisation consistent à sortir de cet état premier de toute puissance – Sa Majesté le Bébé décrit par Freud – qui caractérise aussi bien le petit enfant que les rois. De plus l’enfant-roi est une projection narcissique des parents qui, malgré les critiques qu’ils lui adressent, se flattent de retrouver en lui une image en miroir qui leur permet de maintenir l’illusion perdue de leur propre enfance toute puissante. L’auteur veut montrer qu’en réalité cet enfant n’est pas si roi que cela… Ils sont gâtés, certes, mais en réalité ils sont confrontés à des situations familiales, scolaires et sociales extrêmement complexes, de plus en plus contraignantes, souvent frustrantes, imposées par des adultes, très occupés eux-mêmes par des existences compliquées, qui leur demandent de s’en débrouiller. Et c’est ce qu’ils font… Souvent avec une intelligence remarquable, en déployant des stratégies nouvelles qui sont autant de modalités d’adaptation à la société dont ils seront les futurs adultes. Si dans les sociétés hypermodernes, il faut être flexible, prêt à s’adapter aux situations multiples et fluctuantes, alors ils s’y préparent. C’est en cela que l’enfant-roi est le produit de notre société et un miroir de la personnalité de l’adulte contemporain.