Quelle était la durée du temps de travail d’un gardien de camp de concentration ? Préférait-il jouer aux cartes, pratiquer la boxe ou se délasser en lisant un roman policier ? Sa famille vivait-elle avec lui ? L’enquête reconstitue la stratégie de gestion des ressources humaines que Himmler et ses adjoints ont mise en œuvre dans les camps de concentration et d’extermination ainsi que des établissements annexes moins connus, non seulement pour permettre aux bourreaux d’accomplir leur office, mais surtout pour éviter qu’ils s’ennuient. En adoptant l’angle de vue des tueurs, le livre ne prétend pas excuser leur crime. Mais ce regard dérangeant dévoile la gouvernance de l’entreprise SS et les choix des leaders nazis. Jeux, lectures, cinéma, théâtre, bordel et vie de famille : le temps libre était pensé dans le détail. Tout cela banalisait la nature du « travail ».
Professeur d’histoire contemporaine à Paris-II, Fabrice d’Almeida a notamment publié La Vie mondaine sous le nazisme (Perrin, 2006) et, avec Anthony Rowley, Quand l'histoire nous prend par les sentiments (Odile Jacob, 2013).