Les opinions les plus opposées ont toujours entouré l'oeuvre de Richard Strauss. En dépit de la brillance et de l'indiscutable impact de sa musique, certains n'ont pas manqué de la juger superficielle et ampoulée tandis que quantité d'autres se sont avoués au contraire subjugués par sa force dramatique et émotionnelle tout comme par son imagination harmonique.
Qu'on le veuille ou non l'auteur de Don Juan, de Salomé, du Chevalier à la rose ou des Quatre derniers lieder apparaît bien comme l'un des géants musicaux de son temps. L'inspiration ne lui fit presque jamais défaut au cours des soixante-huit années qu'il consacra à la composition, une longévité créatrice jalonnée de chefs-d'oeuvre à jamais inscrits au répertoire.
Ce musicien chez lequel se mêlent inspiration romantique et idéal classique débuta très tôt sa double carrière de compositeur et de chef d'orchestre dans une étonnante flambée d'enthousiasme et de fièvre pour l'achever par un long crépuscule obscurci par les ombres tragiques de l'exil et la menace du déshonneur.
C'est ce parcours contrasté depuis les rêves conquérants de l'époque wilhelmienne jusqu'aux meurtrissures de l'après-guerre que retrace cet ouvrage, le premier en France de cette ampleur, d'autant plus neuf dans son contenu qu'il s'appuie sur des documents inédits. On trouvera ainsi de larges développements sur l'épineux problème des relations de Strauss et du Troisième Reich.
Sondant avec tact et pénétration la personnalité du musicien, il apporte également un nouvel éclairage sur sa longue, heureuse et quelque peu tempétueuse vie de couple avec la soprano Pauline de Ahna.
L'oeuvre fait par ailleurs l'objet d'intéressants et très personnels aperçus que vient compléter un catalogue de ses compositions.
Musicologue, critique musical du Sunday Telegraph, Michael Kennedy est l'auteur d'ouvrages sur Mahler, Britten et Elgar ainsi que d'articles pour l'Oxford Dictionary of Music.