Le VIIe siècle est un moment crucial de l'histoire de la Gaule: les peuples installés là depuis cent ans se stabilisent, leurs rapports avec les Gallo-romains s'assouplissent, la vie économique, anémiée, s'accommode vaille que vaille du repli sur eux-mêmes de l'Occident et des petites communautés qui le composent. Cruel encore, débauché, massivement inculte, vulnérable aux épidémies et aux catastrophes, ce monde sent pourtant un sang neuf le parcourir. C'est en effet le temps où l'Eglise " passe aux barbares " et où, devant la défaillance de l'Etat (enjeu des luttes de princes qu'animent toutes les passions sauf celle de la chose publique), les évêques s'emploient à structurer et à moraliser la société, favorisant le métissage ethnique et culturel.
Eloi est orfèvre, un métier des plus recherchés: l'or est devenu si rare qu'il fait de ses détenteurs et de ses utilisateurs les vrais puissants; Eloi est honnête, ce qui est plus recherché encore, et amènera les rois Clotaire II et son fils Dagobert à lui confier leurs Finances. Eloi est lettré, il sait les voies de la sainteté, et il connaît aussi la loi: l'ancienne _ héritée de Rome _ et la nouvelle _ les multiples Codes des peuples barbares _: c'est un remarquable administrateur. Eloi est un Gallo-romain du Limousin, né tout près de cette Aquitaine demeurée très " romaine ", qui sera un peu l'" institutrice " des autres provinces. Eloi enfin est évêque: il évangélise (lui-même ou par missionnaires interposés) les païens des régions encore peu christianisées, le Nord-Est en particulier, qu'il parsème de monastères. Lui et aussi son inséparable Dadon (plus connu sous le nom de saint Ouen) peuvent à bon droit compter parmi les architectes de l'édifice que Charlemagne bâtira. Il est resté le patron d'une multitude de corporations, son culte a longtemps rivalisé avec celui des plus grands saints, son souvenir se survit dans les chansons et la légende.
A travers un destin exemplaire, la science très sûre et le style alerte de Jacques Duquesne redonnent à Eloi et à son temps la place qu'ils méritent.
Jacques Duquesne est journaliste (spécialisé notamment dans les questions religieuses), historien (il a publié en particulier Les Catholiques français sous l'Occupation) et romancier. Il a reçu le prix Interallié en 1983.
Eloi est orfèvre, un métier des plus recherchés: l'or est devenu si rare qu'il fait de ses détenteurs et de ses utilisateurs les vrais puissants; Eloi est honnête, ce qui est plus recherché encore, et amènera les rois Clotaire II et son fils Dagobert à lui confier leurs Finances. Eloi est lettré, il sait les voies de la sainteté, et il connaît aussi la loi: l'ancienne _ héritée de Rome _ et la nouvelle _ les multiples Codes des peuples barbares _: c'est un remarquable administrateur. Eloi est un Gallo-romain du Limousin, né tout près de cette Aquitaine demeurée très " romaine ", qui sera un peu l'" institutrice " des autres provinces. Eloi enfin est évêque: il évangélise (lui-même ou par missionnaires interposés) les païens des régions encore peu christianisées, le Nord-Est en particulier, qu'il parsème de monastères. Lui et aussi son inséparable Dadon (plus connu sous le nom de saint Ouen) peuvent à bon droit compter parmi les architectes de l'édifice que Charlemagne bâtira. Il est resté le patron d'une multitude de corporations, son culte a longtemps rivalisé avec celui des plus grands saints, son souvenir se survit dans les chansons et la légende.
A travers un destin exemplaire, la science très sûre et le style alerte de Jacques Duquesne redonnent à Eloi et à son temps la place qu'ils méritent.
Jacques Duquesne est journaliste (spécialisé notamment dans les questions religieuses), historien (il a publié en particulier Les Catholiques français sous l'Occupation) et romancier. Il a reçu le prix Interallié en 1983.