« Si je suis en prison, c’est à cause de vous. Mais c’est aussi à cause de vous que je suis encore en vie. » Ainsi parle Ferdinand Nahimana d’Hervé Deguine, le journaliste qui a enquêté et réuni des pièces sur lui. L’homme purge sa peine de trente années de prison, depuis que le Tribunal pénal international pour le Rwanda l’a condamné en 2008 pour « incitation directe et publique à commettre le génocide ».
Qui est Nahimana ? En France, son nom est associé à la Radio télévision libre des Mille Collines (RTLM), dont il est l’un des fondateurs en 1993. Il a contribué à organiser la propagande du président Juvénal Habyarimana, dont il est un fidèle partisan. Après l’attentat du 6 avril 1994 contre le chef de l’État rwandais, tandis que le pays sombre dans le chaos et que les extrémistes hutu perpètrent le génocide des Tutsi avec l’aide de RTLM, Nahimana rejoint les rangs du gouvernement intérimaire.
Chargé de l’Afrique à Reporters sans frontières, Hervé Deguine dénonce, dès 1993, la montée des médias extrémistes au Rwanda. Convaincu de la responsabilité de Nahimana, il collabore avec le TPIR pour faire arrêter celui qui passe pour le « théoricien de l’extermination » des Tutsi, une sorte de « Goebbels rwandais ».
Comme tous ceux qui ont vécu cette période tragique, il souhaite que justice soit faite. Mais l’enquête indépendante qu’il a poursuivie en parallèle à celle du TPIR, pendant près de quinze ans, l’amène à formuler de sérieux doutes sur la plupart des accusations portées contre Nahimana…
Ce livre est la première biographie d’un condamné du Tribunal pénal international pour le Rwanda.
Hervé Deguine est historien et journaliste. Il a été directeur de la recherche et secrétaire général adjoint de Reporters sans frontières.