« La thèse qui traverse ce vieux livre comme une note continue est d’une simplicité redoutable : la perte du sens est un gain de présence. Pour le dire autrement : l’immanence (à laquelle on reproche d’ôter sa lumière et son génie au monde) est en réalité une source d’extase, et tout le savoir accumulé ne vaut que s’il a pour effet d’augmenter la vie en aiguisant nos sens. Le monde est tout entier tout ce qu’il est. Dieu n’est que l’autre nom de l’existence. Le réel n’est pas là pour nous faire plaisir. Nous y sommes en exil. Mais le désarroi est fertile, l’amour est plus fort quand il ne connaît pas sa cause, et une coïncidence est plus belle quand on renonce à y voir un signe du destin… J’ai vécu le moment où les notes accumulées et disposées apparemment au hasard, découvrent la nécessité qui les ordonne. Alors je persiste et contresigne : si faible soit-il, ce livre n’a aucune raison d’être, mais il mérite d’exister. »