Les Français aimaient bien celle qu’ils avaient nommée « Tante Yvonne ». Restée presque inconnue jusqu’en 1958, elle fut pendant dix ans, aux côtés du général de Gaulle, la première « Première dame » de la Ve République.
Dans la mémoire collective, elle est restée cette femme qui n’appréciait guère les feux de la rampe, mais qui ne manquait jamais à ses devoirs officiels. Vêtue de petits tailleurs sombres et de chapeaux étranges, ne ratant jamais une messe, elle n’était jamais plus heureuse qu’à Colombey, où elle se rappropriait le grand homme.
Ce portrait stéréotypé d’Yvonne de Gaulle mérite d’être revisité. Quelle vie passionnante que celle de cette jeune bourgeoise de Calais, issue d’une famille élégante et avant-gardiste ! Dotée d’une force de caractère presque aussi étonnante que celle de son mari, elle s’adapte aux coups du sort sans faillir : mère d’une enfant anormale qu’elle élève au jour le jour, projetée dans les tourbillons de la Seconde Guerre mondiale, puis présidente d’une Fondation qu’elle crée de toutes pièces, Yvonne de Gaulle est sur tous les fronts. D’un calme olympien lors des attentats qui visent son mari, sûre d’elle lorsqu’elle convainc le Général de lâcher du lest sur la contraception, cette femme finit par étonner.
Le livre fourmille de révélations et de découvertes issues d’archives négligées – correspondances privées, centaines de lettres de la Fondation Anne de Gaulle… Documentée, précise, sensible et nuancée, cette imposante biographie donne enfin à Yvonne de Gaulle la place qui lui revient dans la saga gaullienne : l’une des toutes premières.
Frédérique Neau-Dufour, agrégée d’histoire et docteur en histoire, a été chargée de recherche à la Fondation Charles de Gaulle. Commissaire de l’exposition du mémorial Charles de Gaulle à Colombey-les-Deux-Eglises, elle fut également en charge de La Boisserie. Auteur d’une biographie de Geneviève de Gaulle Anthonioz, elle est depuis juin 2009 conseiller du secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens Combattants.