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La caméra est une sorte de fétiche. Filmer au Moyen-Orient

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Amos Gitaï

Amos Gitaï est l’un des grands réalisateurs qui filme depuis plus de quarante ans la vie au Proche et au Moyen-Orient  ; par la caméra, il ausculte au plus près les maux de sociétés israélienne et palestinienne et a su restituer la violence subies par les vies ordinaires, de part et d’autre, dans un conflit bloqué, enlisé, durci par des évolutions politiques mauvaises. 
La caméra est une sorte de fétiche. Ce n’est pas seulement une machine à reproduire, capable de répliquer le mouvement, la couleur et la texture parallèlement à un dispositif d’enregistrement du son. C’est une machine qui a acquis, dans la seconde moitié du xxe  siècle, le pouvoir d’un objet cérémoniel qui atteste que l’événement a réellement eu lieu. La caméra devient le chroniqueur de notre époque, elle est en ce sens le fétiche moderne par excellence. Filmer, c’est prendre une série de décisions qui déterminent non seulement ce qui sera inclus dans le cadre, mais aussi ce qui n’y sera pas. Cela signifie que nos choix comprennent une part de mise à distance. (A.G.)

Amos Gitaï est cinéaste. Dans les années  1970-80, il a réalisé plusieurs documentaires, dont  House, censuré par la télévision israélienne, avant de tourner  Esther, son premier long métrage de fiction (1985). Récipiendaire du prix Roberto Rossellini en 2005, du Léopard d’honneur du 61e  festival de Locarno et du prix Robert Bresson de la Mostra de Venise en 2013, il est le premier cinéaste nommé à la chaire annuelle de Création artistique du Collège de France.