Au lendemain de la Commune de Paris, la France devient la deuxième puissance coloniale du monde. À la conquête succède l’exploitation des colonies, réputée profiter à la fois aux colons, à la métropole et aux « indigènes ». C’est dans ce contexte que se développent les sciences dites « coloniales », qui prospèrent comme des disciplines spécialisées au sein de la sociologie, de l’ethnologie, du droit, de la géographie, de l’histoire et de la médecine, en prenant pour objet spécifique les colonies et les autochtones qui y vivent. Marquées par des paradigmes biologiques et racistes – inégalité des races, transmission héréditaire des caractéristiques physiques et psychologiques… –, ces sciences contribuent à la diffusion d’une conception hiérarchisée du genre humain qui se traduit de manière très concrète : par une séparation stricte entre Européens et « indigènes » en vertu de considérations hygiénistes, par la pratique courante du travail forcé ou encore par le maintien de l’esclavage domestique malgré son abolition en 1848. Comme dans les deux premiers volumes de sa trilogie (Coloniser. Exterminer et La République impériale), l’auteur met au jour des aspects peu connus de la colonisation française en s’appuyant sur un corpus souvent négligé – ouvrages de médecine, manuels universitaires… – et en analysant les débats politiques qui eurent lieu tout au long de la période.